Hôtel de la Monnaie

Localisation :

Tours, 5-7 rue de la Monnaie

Dates :

État du batiment :

Détruit

La monnaie tournois, unité monétaire très répandue au Moyen Âge et à l’époque moderne, doit ses origines et son nom à la ville de Tours, et notamment au Chapitre de Saint-Martin qui frappait de la monnaie au VIIIe siècle. Lorsque l’atelier monétaire tourangeau devint royal par l’annexion de la Touraine par Philippe Auguste, le roi décida de conserver cette monnaie en parallèle de la monnaie parisis produite à Paris. Sous Louis IX – saint Louis – la ville bat le gros tournoi, une pièce d’argent dont le succès a assuré la renommée de Tours [Dérens, 2021].

Cependant, à la Renaissance et ce jusqu’à la fin du XVIe siècle, l’activité de la Monnaie de Tours connut un léger déclin. Les émissions se firent peu nombreuses. La cour de la Monnaie était alors située dans la rue de la Monnaie, au n°5 et 7. Le bâtiment actuel a été édifié vers 1734 sur l’emplacement de l’ancien hôtel des Monnaies datant de la seconde moitié du XVIe siècle [Base POP, PA00098175]. Les pièces émises à Tours se distinguent par la présence d’un point sous la 6e lettre de l’alphabet. Ce système fut mis en place en 1389 par Charles VI, une lettre spécifique était alors attribuée à chaque atelier d’émission. En 1540, le point fut remplacé par une lettre bien visible, la ville de Tours se vit confier le E et conserva cet usage jusqu’en 1772, date à laquelle l’atelier fut supprimé [Viot, 1941, p. 137].

 

François Ier et la Monnaie de Tours

Parmi les épisodes qui ont marqué l’histoire de la Monnaie de Tours, deux se démarquent particulièrement. Le premier intervient en 1522, le roi François Ier est alors en grand besoin de liquidité. Aussi fait-il réquisitionner la grille d’argent massif offerte par Louis XI au chapitre de Saint-Martin. Après plusieurs refus des représentants du chapitre, les archers du roi entrent de force dans la basilique et s’emparent de la grille qui est transportée jusqu’à l’hôtel de la Monnaie. Le maître particulier de la Monnaie, Jean Mesdon, accompagné de Robin Rousseau, tailleur ou graveur, la font alors fondre pour émettre des testons et demi-testons. Une partie de l’argent réalisé servira ainsi à financer les guerres en Italie et l’autre, à hauteur de 60 000 livres, sera envoyée au roi Jacques V, allié de la France, pour le soutenir dans son entreprise en Écosse face aux Anglais [Viot, 1941, p. 137]. La monnaie émise prit le nom de Testons de la Grille [Viot, 1941, p. 137].

 

La Cour des Monnaies

Le second épisode marqua véritablement l’essor de la monnaie de Tours et eut lieu sous Henri III. Lorsque le roi quitte Paris au début de l’année 1589 pour fuir les ligueurs, c’est à Tours qu’il se réfugie avec le Parlement. Le tailleur général des Monnoyes, Philippe I Danfrie, est également du voyage et établit dès lors une nouvelle Cour des Monnaies. En avril 1590, il obtient l’autorisation de la chambre des comptes de Tours d’installer un moulin afin d’émettre des jetons et des médailles alors que la cité tourangelle ne produisait jusqu’à présent que des pièces de monnaie. Dès lors, la monnaie de Tours devint la deuxième monnaie de France après celle de Paris [Jacquiot, 1990, p. 159-160].

 

Bibliographie

Dérens Jean,  « TOURNOIS, monnaie », dans Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 17 septembre 2021.
Jacquiot Josèphe, « L’établissement d’un Moulin à Tours semblable à celui de Paris, pour la frappe des jetons et des médailles, lié à la venue du roi Henri III dans cette ville », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, T. 42, 1990, p. 159-169.
Viot Henri, « Procès-verbal de la séance du 16 novembre 1941 », dans Bulletin de la Société archéologique de Touraine, juillet 1941, p. 136-140.
Base POP, PA00098175


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